Un dialogue entre l’Europe et l’Amérique latine pour comprendre ce qui se passe à Belém
Le compte à rebours a commencé. Il ne reste plus que deux semaines avant la COP30, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra du 10 au 21 novembre à Belém, au Brésil. Quelques jours avant, les 6 et 7 novembre, les chefs d’État et de gouvernement se rendront à Belém pour donner un coup de pouce politique, avec le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, aux discussions plus techniques d’une COP qui se tient dans un contexte difficile pour l’agenda climatique depuis l’adoption, il y a dix ans, lors de la COP21, de l’accord de Paris.
Dans ce contexte, l’émission UE Talks, produite par la délégation de l’Union Européenne en Argentine, a réuni deux voix importantes de la réflexion internationale sur le climat : Mariana Castaño Cano, fondatrice et PDG de 10 Billion Solutions, journaliste et analyste sur les questions climatiques, et Claudio Lutzky, avocat expert en changement climatique et transition énergétique. La conversation, animée par la célèbre journaliste argentine Luciana Vázquez, a exploré l’état actuel de l’action climatique, les défis du multilatéralisme et les leçons à tirer de la coopération entre l’Europe, l’Argentine et l’Amérique latine.
L’épisode, enregistré à l’Ecoparque de Buenos Aires et disponible dans son intégralité sur YouTube, offre une réflexion lucide et nécessaire sur les enjeux de Belém.
10 ans après Paris, il est urgent de passer de l’engagement à l’action
L’accord de Paris a été décrit par Mariana Castaño Cano comme « un acte historique de maturité collective » : pour la première fois, toutes les nations, tant industrialisées qu’en développement, ont accepté de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale.
Mais une décennie plus tard, la réalité est préoccupante : les engagements pris nous conduisent toujours à une augmentation supérieure à 2,5 °C. « La question n’est plus de savoir ce qu’il faut faire, mais comment le faire », a-t-elle averti. La COP30, a-t-elle souligné, sera l’occasion de vérifier si les pays tiennent leurs promesses en présentant leurs nouveaux Plans d’Action Nationaux pour le climat (NDC).
Ce sera un examen global de cohérence, où la science et la politique devront s’aligner pour sauvegarder l’objectif de l’Accord de Paris de limiter à 1,5 °C, l’augmentation prévue de la température moyenne mondiale depuis l’ère préindustrielle jusqu’en 2100.

L’Europe : des progrès réels, mais aussi des contradictions
L’Europe arrive à ce sommet avec des résultats concrets : elle a réduit ses émissions de façon constante et vise la neutralité carbone d’ici 2050. Mais Mariana Castaño Cano a rappelé qu’une partie de cette décarbonisation a été rendue possible grâce à la délocalisation industrielle vers d’autres régions. « Il faut regarder ces chiffres d’un œil critique », a-t-elle dit.
L’Union Européenne, a-t-elle ajouté, a compris que l’énergie la plus propre est celle qui n’est pas consommée. L’efficacité énergétique, l’innovation et la réglementation, associées à une citoyenneté plus consciente, sont devenues les piliers du modèle européen. Mais le continent est aussi confronté à des tensions internes : la crise énergétique, la précarité énergétique et la pression sociale obligent à trouver un équilibre entre transition et justice.
Le défi latino-américain : la coopération, pas la concurrence
La conversation a aussi présenté l’Amérique Latine comme un acteur avec un potentiel de leadership climatique, grâce à sa biodiversité et ses ressources naturelles. « Si la région arrive à parler d’une seule voix (ainsi que les experts s’accordent à le dire ), elle peut avoir une influence décisive sur l’agenda mondial ».
Le défi n’est toutefois pas mince : construire le développement en respectant les limites planétaires et sans répéter les erreurs des pays industrialisés. Une transition juste dans la région passe par des alliances internationales intelligentes, le transfert de technologies et un financement adéquat.

La COP30 : un test de maturité pour le système climatique
Durant sa visite en Argentine, Mariana Castaño Cano a dit que Belém sera bien plus qu’un sommet sur le climat : ce sera un test de maturité pour le système multilatéral. Dans un contexte géopolitique tendu, avec des discours négationnistes et des reculs politiques dans plusieurs pays, la COP30 va tester la capacité du monde à garder la coopération comme principe directeur.
Mme Castaño Cano a insisté sur le fait que le changement climatique « ne se combat pas avec la charité, mais avec la solidarité, c’est-à-dire la coopération avec des avantages mutuels ». La crise climatique, a-t-elle dit, « ne connaît pas de frontières : ce qui est émis dans un pays a des conséquences sur tous les autres ».
Plus qu’une question environnementale, une question de survie économique
L’avocat et spécialiste du droit environnemental Claudio Lutzky a apporté un regard réaliste sur les dilemmes de l’action climatique, soulignant que le défi ne peut plus être considéré comme une question uniquement écologique.
Claudio Lutzky a averti que les politiques publiques de nombreux pays restent à la traîne face à l’ampleur du défi : « Dans une large mesure, le leadership politique n’a pas été à la hauteur. Certains gouvernements ont beaucoup parlé et peu agi ». Il a aussi expliqué que les distorsions des prix de l’énergie ou l’absence de signaux réglementaires clairs finissent par décourager la transition vers des économies plus propres.
Face à un débat de plus en plus polarisé, il a proposé d’abandonner les extrêmes idéologiques et de se concentrer sur la pertinence des solutions. « Le changement climatique est devenu une guerre culturelle. Il y a ceux qui le nient et ceux qui l’utilisent comme un drapeau idéologique. Mais ce débat ne sert à rien. L’important, c’est de parler de développement, d’investissement et d’innovation, pas de dogmes. »
Claudio Lutzky a insisté sur le fait que l’action climatique ne sera durable que si elle est alignée sur les incitations économiques et la création d’opportunités. « On ne peut pas s’attendre à ce que les sociétés agissent par altruisme. Il faut aligner l’intérêt individuel sur le bénéfice collectif. »
Enfin, il a souligné la nécessité de renforcer le tissu infranational (provinces, villes et entreprises) en tant que véritable moteur de la transition : « Même sans grandes décisions nationales, de nombreuses administrations locales et acteurs privés vont de l’avant. Cette dynamique ascendante peut être décisive pour soutenir les progrès mondiaux en matière de climat. »
Un message mondial de Buenos Aires à Belém
Le dialogue dans UE Talks nous rappelle que l’avenir climatique ne dépend pas seulement des gouvernements et des négociations, mais aussi des citoyens informés, des entreprises responsables et des médias engagés qui font vivre le débat public.
La COP30 ne sera pas seulement une négociation technique : ce sera l’occasion de renouveler la confiance dans la coopération mondiale.
L’épisode complet de « UE Talks – En route vers la COP30 » est maintenant disponible sur la chaîne YouTube de l’Union européenne en Argentine.
Continuez à explorer les histoires et les solutions climatiques
Chez 10 Billion Solutions, nous suivons de près les actions pour le climat et les discussions mondiales en vue de la COP30. Si vous voulez en savoir plus sur ces sujets, nous vous invitons à lire notre interview avec Mariana Castaño Cano sur la COP30 et l’article sur la santé mentale et le changement climatique, où l’on explore l’impact humain derrière la crise.
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