Des vagues de chaleur à la diplomatie à forts enjeux, voici le résumé essentiel de la première moitié de l’année et les points à surveiller à l’approche de la COP30.
1. 2025 marque le dixième anniversaire de l’Accord de Paris, et nous sommes en retard
Cette année marque le dixième anniversaire de l’adoption historique de l’Accord de Paris lors de la COP21. Si les données sur les émissions, les lois sur le climat et le déploiement des technologies propres ont progressé dans certaines régions, l’objectif de 1,5 °C de réchauffement climatique est en passe d’être compromis. Selon les dernières projections, les politiques actuelles mettraient le monde sur la voie d’un réchauffement de 2,5 à 2,9 °C, comme l’indique le dernier rapport Gap du PNUE.
« La crise climatique n’est plus une menace lointaine. Elle est là, maintenant… prise dans des guerres culturelles, des discours alarmistes sur l’économie et la montée de l’autoritarisme, souvent délibérée », a écrit Laurence Tubiana, l’architecte de l’Accord de Paris. « Notre tâche consiste désormais à reconstruire une base politique commune pour l’action climatique, qui soit crédible, inclusive et suffisamment solide pour supporter le poids de cette transformation », a-t-elle ajouté.
2. La chaleur est au rendez-vous : les catastrophes climatiques se multiplient
En janvier, l’année a commencé avec la confirmation par l’Organisation météorologique mondiale que 2024 avait été l’année la plus chaude jamais enregistrée (+1,55 °C de plus que les niveaux préindustriels) et, chaque mois depuis, on a vu des conditions météorologiques extrêmes battre des records sur tous les continents :
- Une grave sécheresse provoque la famine et le désespoir dans la Corne de l’Afrique.
- Des inondations record au Texas ont fait plus de 130 morts (NBC)
- Des incendies ont ravagé le sud de la Californie
- Des vagues de chaleur ont battu des records aux États-Unis, en Europe et en Asie ; la Chine a connu le mois de juin le plus chaud jamais enregistré.
3. Seuls 22 pays ont présenté de nouveaux plans climatiques pour 2035
Malgré l’urgence, seuls 22 pays ont présenté des contributions nationales déterminées (CND) actualisées avec des objectifs pour 2035 couvrant seulement 21 % des émissions mondiales, selon Climate Action Tracker. Les gros émetteurs comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie et l’UE traînent les pieds et une seule CND (celle du Royaume-Uni) est proche de l’objectif de 1,5 °C. Attendez-vous à une vague de soumissions de CND en septembre et au rapport de synthèse de la CCNUCC. Suivez le site web de la CCNUCC pour rester informé.
4. La transparence s’améliore : 102 pays ont présenté leurs rapports sur les progrès réalisés en matière de climat
Plus de 100 pays ont soumis leur tout premier rapport biennal de transparence (RBT) dans le cadre du renforcement du cadre de transparence de l’Accord de Paris. Cette nouvelle vague de données donne un aperçu des inventaires d’émissions, des mesures d’adaptation et des flux financiers. Bien qu’il s’agisse d’une étape importante en matière de transparence, des lacunes subsistent en ce qui concerne la qualité des données et la capacité de communication. Suivez les dernières infos sur la transparence climatique en suivant #Together4Transparency et la CCNUCC et restez à l’écoute pour le prochain Forum mondial sur la transparence, qui se tiendra à Songdo du 3 au 5 septembre.

5. Financement de la lutte contre le changement climatique : toujours un sujet sensible
Malgré les appels à investir des trilliards, le financement de la lutte contre le changement climatique reste le talon d’Achille de la mise en œuvre. Les budgets d’aide sont réduits dans plusieurs pays de l’OCDE, avec des projections indiquant une baisse de 9 à 17 % à l’échelle mondiale et jusqu’à 28 % en Afrique subsaharienne selon des données récentes. Les pays en développement continuent de réclamer plus de clarté sur le nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), l’accord financier destiné à remplacer l’objectif de 100 milliards de dollars d’ici la COP30.
6. Le Brésil réinvente la COP30 et la CCNUCC
En tant qu’hôte de la COP30, le Brésil poursuit un double objectif : revitaliser la diplomatie tout en mettant en avant les actions menées en dehors des salles de négociation.
D’une part, le «Programme d’action» vise à renforcer le rôle des villes, des peuples autochtones, des jeunes, des entreprises et des régions. Le Brésil souhaite que la COP30 reconnaisse ces acteurs non pas comme des acteurs secondaires, mais comme des acteurs centraux dans la réalisation des objectifs de Paris, avec une plateforme permettant de suivre et de promouvoir leurs contributions.
Ensuite, le Brésil a proposé de créer un « Conseil sur le changement climatique », un organe permanent en dehors du cycle de la COP pour aider les pays à coordonner la mise en œuvre, élaborer des stratégies d’élimination progressive des combustibles fossiles et maintenir la dynamique tout au long de l’année. Cette idée reflète la frustration face à la lenteur et à la fragmentation des progrès réalisés dans le cadre du dispositif actuel de la CCNUCC.

7. Le lieu de la COP30 pourrait nuire à la participation
Belém, la ville brésilienne qui accueillera la COP30, est confrontée à des problèmes logistiques. En choisissant cette destination relativement éloignée plutôt que d’autres grandes villes comme Rio, Brasilia ou Sao Paolo, le Brésil a privilégié le symbolisme de l’accueil de la COP en Amazonie au détriment de la commodité et du pragmatisme.
Aujourd’hui, à moins de quatre mois de la COP30, Booking propose des hébergements de niveau international à partir de 17 000 euros jusqu’à 74 000 euros pour deux semaines. L’opportunisme et le manque de préparation jettent une ombre sur la conférence, la société civile et les petites délégations craignant de ne pas pouvoir participer aux discussions annuelles les plus importantes sur le climat en raison des prix élevés.
Afin de garantir un hébergement confortable aux délégués des différents pays, le Brésil a conclu un accord avec le géant des croisières MSC et a commencé à proposer des cabines de croisière aux délégués gouvernementaux à des tarifs journaliers allant de 200 à 600 dollars la nuit.
8. Le refroidissement, les villes et les coalitions gagnent du terrain
Alors que les négociations officielles à Bonn n’ont abouti qu’à peu de percées, les acteurs nationaux, sectoriels et infranationaux ont poursuivi la mise en œuvre dite « concrète ».
- La Journée mondiale du froid 2025, le 18 juin, a réuni des gouvernements, des entreprises, des scientifiques, des ingénieurs et des pros de terrain pour mettre en avant le rôle crucial du refroidissement et des pompes à chaleur dans l’atténuation du changement climatique et la santé publique. L’événement (soutenu par 10 Billion Solutions) a accueilli des intervenants de haut niveau, des panels techniques et des voix influentes de la communauté. Avec la vidéo ci-dessous, nous avons aidé à montrer l’urgence de développer la réfrigération durable dans le cadre des stratégies nationales sur le climat. Regardez la vidéo que nous avons produite.
- Lors de la réunion des signataires du Global Cooling Pledge, qui s’est tenue en juin à Bonn, les pays et les agences internationales ont présenté une feuille de route pour intégrer la réfrigération durable dans leurs CDN et autres politiques nationales. Regardez la vidéo récapitulative que nous avons produite avec le PNUE.
- La London Climate Action Week continue de gagner en ampleur et en fréquentation. L’édition de cette année s’est déroulée en juin (étonnamment, en parallèle de la conférence de la CCNUCC à Bonn) et a proposé plus de 700 événements réunissant des dirigeants municipaux, des entreprises et des militants pour discuter de sujets tels que la finance, la technologie, la justice climatique, la nature et le déploiement des énergies propres.
- La CCNUCC a repensé ses semaines régionales pour le climat en 2025. Au lieu de se concentrer principalement sur les régions et la mise en œuvre, ces semaines sont désormais moins axées sur les régions et se concentrent davantage sur le processus intergouvernemental. La première semaine de cette année a eu lieu au Panama en mai et la deuxième et dernière aura lieu en septembre en Éthiopie. Pour en savoir plus sur les nouvelles semaines pour le climat, cliquez ici.
- Tous les regards sont maintenant tournés vers la Climate Week NYC (23-29 septembre 2025), un moment important pour les entreprises, mais aussi pour les acteurs infranationaux et la société civile, qui pourront présenter leurs actions en faveur du climat et unir leur volonté d’aller de l’avant malgré un contexte très négatif. Restez à l’écoute ici.
9. La pré-COP de Brasilia va planter le décor politique
Prévue les 13 et 14 octobre, la pré-COP de Brasilia est le moment diplomatique le plus important avant la COP30. C’est là que les ministres devront se pencher sur la manière de transformer les résultats de la COP28, en particulier la sortie des énergies fossiles, en actions nationales et mondiales crédibles.
Dans quatre lettres officielles (1, 2, 3 et 4), la présidence de la COP30 a clairement exprimé sa vision : cette conférence doit être la « COP de la convergence et des résultats ». Brasília sera le lieu où les parties s’aligneront sur les priorités clés : les trajectoires de transition fossile, le nouvel objectif de financement climatique et un objectif mondial mesurable en matière d’adaptation.
Dans la quatrième lettre, publiée en juin, la présidence a exhorté les ministres à soutenir le Programme d’action, une plateforme permettant aux villes, aux entreprises, aux peuples autochtones et à la société civile de proposer des solutions concrètes qui complètent les négociations en soulignant la nécessité d’aligner les résultats officiels sur la mise en œuvre dans le monde réel.
10. La communication sur le climat doit encore être améliorée
Malgré des records de chaleur, des inondations, des incendies et des sécheresses de plus en plus intenses et fréquents, ainsi qu’une prise de conscience accrue de la part du public, le paysage politique et économique a clairement changé. Le climat n’est plus la priorité absolue des décideurs comme c’était le cas auparavant.
La question est de savoir comment « rendre le climat (et l’action climatique) à nouveau formidable ».
Le défi n’est pas de savoir, mais d’agir. Ce dont nous avons besoin maintenant, ce sont des mesures audacieuses et spécifiques à chaque secteur, fondées sur une vision claire de l’avenir que nous voulons et des étapes à franchir pour y parvenir.
C’est pourquoi 10 Billion Solutions s’est donné pour mission d’utiliser une communication efficace comme outil puissant pour l’action climatique. Nous nous efforçons de changer le discours, en passant du fatalisme à l’action, en mettant en avant les mesures prises par les organisations, les communautés, les villes et les individus, même lorsque les gouvernements nationaux restent inactifs.
Abonnez-vous à notre newsletter pour rester informé et visitez notre Académie pour découvrir comment améliorer votre communication sur le climat.

Comment 10 Billion Solutions contribue à changer le discours
Pour élaborer une communication qui fonctionne, trois stratégies essentielles s’avèrent indispensables :
- De nouveaux discours sur le climat
- Dans un récent article de notre Académie, nous expliquons que le discours sur le climat doit être renouvelé dans un monde fracturé, submergé par la géopolitique, la désinformation et la lassitude face aux crises. Lisez-le ici.
- On a besoin d’un message qui allie urgence et optimisme, mettant en avant les solutions communautaires et le rôle des acteurs locaux, des entreprises et de la société civile.
- Outils stratégiques et formation
- Le calendrier 2025 pour la durabilité et le climat aide les communicants à planifier leur contenu en fonction des moments clés.
- La 10 Billion Solutions Academy propose des cours sur mesure dans les domaines de la modération d’événements, de la prise de parole en public et de la formation aux médias. Nous proposons également des sessions de micro-consulting entièrement personnalisées pour répondre à vos besoins spécifiques.
- Couverture sur le terrain de la COP et des conférences
- Grâce à la narration multimédia et à la conception et l’animation stratégiques d’événements lors de conférences sur le climat, 10 Billion Solutions a aidé des organisations à transformer la complexité en clarté et à faire entendre des voix qui, sans cela, seraient restées inaudibles.