Regard vers l’avenir : que nous apporteront la COP31 et la COP32 ?

novembre 27, 2025

La COP30, qui s’est tenue du 10 au 22 novembre 2025 à Belém (Brésil), s’est conclue par un ensemble de mesures, le Paquet de Belém, qui servira à faire avancer l’action multilatérale en faveur du climat sur des questions clés telles que la transition juste, le financement de l’adaptation, le commerce, le genre et la technologie.

Un incendie accidentel dans la Zone Bleue vers 14 heures le jeudi 20 a obligé à évacuer les lieux et à interrompre les négociations pendant plusieurs heures, jusqu’à ce que les travaux reprennent normalement dans la soirée du même jour.

La présidence brésilienne de la COP a pris congé en soulignant que la conférence de Belém ne doit pas être considérée comme un point final, mais comme « le début d’une décennie de changement ». La question est donc maintenant :

Qu’attendons-nous de la COP31 ?

Un accord inhabituel : la Turquie comme hôte, l’Australie présidant les négociations

Avant la fin de la COP30, les pays devaient se mettre d’accord sur le siège de la prochaine COP. Après une compétition acharnée entre la Turquie et l’Australie, les deux pays ont conclu un accord peu conventionnel : la COP31 se tiendra du 9 au 20 novembre 2026 à Antalya (Turquie), tandis que l’Australie assumera le rôle de présidence, avec une autorité « exclusive en matière de négociations ». Ce type de répartition des tâches est sans précédent dans l’histoire des COP.

De plus, une pré-COP est prévue dans le Pacifique, avec la participation des nations insulaires soutenues par l’Australie, pour mettre en avant les priorités climatiques des petits États insulaires.

Pourquoi cet arrangement ?

La raison profonde réside dans la manière dont la présidence de la COP est choisie. Le système de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) établit une rotation géographique entre cinq groupes régionaux : l’Afrique, l’Asie-Pacifique, l’Europe de l’Est, l’Amérique latine et les Caraïbes, et le groupe « Europe occidentale et autres » (WEOG). Pour la COP31, c’était au tour du groupe WEOG, dont font partie de manière incongrue la Turquie et l’Australie.

À cause de leur concurrence acharnée, les deux pays ont trouvé un compromis : la Turquie va mettre en valeur son pays et ses solutions climatiques tout en cédant un peu d’espace diplomatique à l’Australie. Ce plan un peu bizarre a été qualifié de « grande victoire pour le multilatéralisme » par ceux qui l’ont proposé.

COP32 à l’horizon : ce sera en Éthiopie

La COP32 devrait avoir lieu en 2027 à Addis-Abeba (Éthiopie). L’Éthiopie a été soutenue à l’unanimité par le groupe africain, devançant d’autres candidatures comme celle du Nigeria.

Avec la COP en Éthiopie, on espère mettre en avant l’importance stratégique du continent africain dans l’action climatique et la justice environnementale. De plus, on espère que le leadership africain donnera une perspective forte sur les défis du changement climatique dans les pays les plus vulnérables, car l’Éthiopie fait partie du groupe des « pays les moins avancés » dans le jargon onusien.

Comment fonctionne la présidence de la COP ?

Pour comprendre pourquoi des accords comme celui de la COP31 sont conclus, il est utile d’expliquer comment on détermine qui préside et où se tient chaque conférence :

  • Rotation régionale : la présidence de la COP est assurée à tour de rôle par les cinq groupes de l’ONU (Afrique, Asie-Pacifique, Europe de l’Est, Amérique latine et Caraïbes, et Europe occidentale et autres, WEOG).
  • Sélection du pays : au sein de la région concernée, les pays soumettent leur candidature pour accueillir la conférence. Des négociations sont ensuite menées pour choisir le pays hôte et le président de la COP.
  • Rôles différents : En général, le pays hôte prend aussi la présidence de l’événement (il dirige le sommet). Mais, comme le montre l’accord entre la Turquie et l’Australie, ces rôles peuvent être séparés : un pays peut accueillir la COP physique et un autre peut avoir plus d’influence dans les négociations. C’est aussi ce qui s’est passé pour la COP23, présidée par les Fidji mais qui s’est tenue à Bonn (Allemagne).
  • Rôle du président des négociations : dans le cas de l’Australie pour la COP31, son rôle consiste à préparer des projets de décision, à diriger les processus de facilitation et à coordonner les négociations entre les parties (pays), en agissant comme un « leader technique et diplomatique ».

À quoi peut-on s’attendre pour cette nouvelle décennie climatique ?

Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Belém samedi 15 novembre pour demander des mesures contre le changement climatique et l'abandon des énergies fossiles. Photo par 10 Billion Solutions Mariana Castaño Cano
Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Belém samedi 15 novembre pour demander des mesures contre le changement climatique et l’abandon des énergies fossiles. Photo par 10 Billion Solutions/Mariana Castaño Cano
  • Davantage de mise en œuvre que de discours : lors de la COP30, des initiatives telles que l’Accélérateur mondial de mise en œuvre ont été lancées pour aider les pays à mettre en œuvre leurs plans d’action nationaux pour le climat ou CDN.
  • Une voix plus forte pour les régions vulnérables : avec l’Australie à la tête des négociations et une pré-COP dans le Pacifique, les îles du Pacifique pourraient faire valoir leurs priorités en matière d’adaptation et de financement.
  • Accent mis sur la justice climatique : la transition juste était un pilier du Paquet de Belém, et avec la Turquie et l’Éthiopie qui jouent des rôles clés, la coopération Sud-Sud et le financement de l’adaptation pourraient être renforcés.
  • Tensions diplomatiques et ambition : même si le Paquet de Belém a été approuvé, il y a eu des critiques à propos de son ambition (par exemple, pas de mention ni d’engagements pour éliminer les combustibles fossiles).

La COP30 a été la première où tout l’Accord de Paris était déjà négocié, puisque la mise en œuvre de l’article 6 sur les marchés du carbone était le dernier élément en discussion et a déjà été approuvée lors de la COP29 à Bakou. Même si les négociations vont continuer lors des COP, la mise en œuvre et l’augmentation de l’ambition mondiale sont désormais les questions les plus importantes.

En vue des COP31 et COP32, deux modèles de leadership se dessinent : l’un partagé et géostratégique (Turquie-Australie) et l’autre avec l’ambition de renforcer le rôle de l’Afrique. Les prochaines années seront décisives pour traduire les accords en actions concrètes et justes.

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