La COP29, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, s’est terminée à Bakou, en Azerbaïdjan, dimanche à 5 h 30 du matin, avec un retard de 35 heures.
La tâche la plus importante de la conférence était de parvenir à un nouvel objectif de financement climatique que les pays développés doivent fournir aux pays en développement pour faire face au changement climatique.
Après beaucoup de coups de théâtre de dernière minute, comme c’est habituel dans ces conférences, le président de la COP29, Mukhtar Babayev (ministre de l’écologie et des ressources naturelles de l’Azerbaïdjan et ancien cadre de la société pétrolière d’État SOCAR), a donné un coup de marteau pour approuver l’accord de 300 milliards de dollars de financement climatique annuel d’ici 2035.
Babayev n’a même pas levé les yeux pour identifier d’éventuelles objections dans la salle, probablement pour éviter tout contact visuel avec les nations cherchant à intervenir, ce qui a ajouté plus de tension au moment et de ressentiment chez ceux qui s’y opposaient.
Une (mauvaise) plaisanterie
300 milliards de dollars peuvent sembler une somme considérable — trois fois l’objectif précédent de 100 milliards de dollars —, mais cela reste insuffisant dans le contexte. L’objectif initial de 100 milliards, fixé en 2009 pour être atteint annuellement dès 2020, n’a été réalisé qu’en 2022. De plus, les détails restent flous sur la part qui correspond à une véritable aide, des prêts ou des fonds re-déployés depuis d’autres programmes de développement. En tenant compte de l’inflation, le nouvel objectif est même moins ambitieux que celui de 2009. En outre, il reste incertain combien de ces fonds seront des subventions et combien des prêts.
Les pays en développement ont qualifié cette somme de « plaisanterie », bien loin des 1 300 milliards de dollars qu’ils demandaient pour réduire leurs émissions et s’adapter aux impacts climatiques, lesquels les touchent de manière disproportionnée.
En résumé, le résultat de la COP29 est perçu comme « catastrophique », « mauvais », ou « le meilleur possible dans ces circonstances », selon à qui l’on pose la question. Pour les pays les plus pauvres et les communautés vulnérables, c’est une catastrophe. Pour les nations riches, qui paient la facture, c’est acceptable. Pour d’autres, c’est simplement décevant.
Les observateurs hésitent à qualifier la COP29 d’échec absolu, car au moins un accord a été atteint. Des avancées importantes, comme les règles pour les marchés carbone et un programme d’appui à l’adaptation pour les pays les moins développés, méritent d’être soulignées. Cependant, pour ceux qui ont suivi la conférence depuis le début, les résultats sont décevants, bien qu’attendus. La COP29 souligne la fragilité du processus multilatéral mené par l’ONU, qui reste essentiel pour lutter contre le changement climatique.
La cruche risque de se briser
Comme le dit le dicton, « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse », pour avertir que ce que l’on considère comme allant de soi pourrait cesser de fonctionner. Il en va de même pour le processus multilatéral : à force de produire des accords minimaux, la confiance entre les pays négociateurs, la présidence de la conférence et même l’ONU elle-même pourrait s’effriter.
Malgré les efforts inlassables du Secrétaire général et du Secrétariat de l’ONU pour faciliter le dialogue, la COP29 a montré les limites d’une diplomatie basée sur le consensus, surtout sous une présidence marquée par une rhétorique clivante et un manque d’inclusivité. Le discours d’ouverture du président azerbaïdjanais — hostile, et par ailleurs favorable aux énergies fossiles — a donné le ton. Par ailleurs, la société civile a été muselée dans ce régime autoritaire, tandis que plus de 1 700 lobbyistes des combustibles fossiles participaient librement à la conférence.
Contrairement au football, où l’analyse post-match est sans conséquence, les résultats des conférences climatiques mettent en jeu la survie humaine et écologique.
Réformer pour rendre le changement possible
Parmi les 55 000 participants à la COP29, les pouvoirs d’influence varient considérablement, mais chacun a la responsabilité de contribuer à améliorer le processus. Négociateurs, ONG, universitaires, représentants du secteur privé et médias doivent repenser leurs stratégies et abandonner des approches dépassées.
« Quelle opportunité de changer les choses », a déclaré la ministre estonienne du Climat, Yoko Olander, en référence à la décarbonation nécessaire du secteur du bâtiment, responsable de 21 % des émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons également la possibilité de faire bouger les choses, non seulement lors de chaque COP, mais dans notre travail quotidien. Mais cela nécessite de réfléchir et de ne pas vouloir appliquer des solutions dépassées à un monde dont les besoins ont évolué.
Au milieu de la COP, des leaders climatiques ont provoqué un débat en appelant à une réforme du processus. Cette réforme est essentielle pour rendre les COP et tout le cadre multilatéral plus efficaces, transparents, équitables et inclusifs. Cela permettrait d’apporter une réponse plus solide à la crise climatique mondiale, notre plus grand défi en tant qu’espèce.