Piégés par la pollution plastique : pas d’accord au sommet de l’ONU

août 21, 2025

Genève : une occasion historique manquée

Genève aurait pu être le théâtre d’un tournant historique ce mois d’août avec l’adoption d’un traité mondial et juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique. Après six cycles de négociations depuis 2022, cette conférence devait poser les bases d’un accord international couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques, de leur production à leur gestion en tant que déchets. 

Mais après 11 jours de pourparlers, les discussions se sont soldées par un échec : aucun accord n’a été trouvé, principalement en raison de la résistance des pays producteurs de pétrole (le plastique synthétique étant fabriqué à partir d’hydrocarbures).

Les négociations reprendront lors d’une nouvelle conférence des Nations unies, dont la date et le lieu restent à déterminer.

Que doit permettre ce traité ?

  • Fixer des limites à la production mondiale de plastiques
  • Interdire les substances chimiques nocives utilisées dans leur fabrication
  • Tenir les entreprises responsables des déchets générés
  • Promouvoir la conception circulaire et durable à l’échelle mondiale

Pourquoi les négociations ont-elles échoué ?

Les divergences entre pays se sont révélées irréconciliables. Tandis que l’Union Européenne, le Canada et plusieurs États insulaires défendaient un accord ambitieux et contraignant, des puissances comme les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie ont rejeté toute limitation de la production.

Le fond du problème est clair : le plastique reste une industrie pesant plusieurs centaines de milliards de dollars, intimement liée aux secteurs pétrolier et pétrochimique. Pour les pays producteurs, accepter des mesures restrictives reviendrait à compromettre des intérêts économiques stratégiques. Ils ont donc privilégié des actions volontaires et une meilleure gestion des déchets plutôt qu’une réduction de la production.

Le président du sommet a présenté deux projets de texte, mais tous deux ont été rejetés. Les pourparlers se sont clos sans nouvelle date pour leur reprise.

« C’est un coup porté au multilatéralisme », ont dénoncé certaines ONG. Plusieurs délégués appellent désormais à avancer vers un traité mondial sans la participation des pétro-États, rompant ainsi avec l’approche traditionnelle du consensus dans les accords internationaux.

Manifestation de la société civile pendant la conférence de Genève. Photo : IISD/ENB - Kiara Worth
Manifestation de la société civile pendant la conférence de Genève. Photo : IISD/ENB – Kiara Worth

Pendant ce temps, la pollution plastique progresse

Quelques chiffres clés montrent l’ampleur de la crise :

  • Chaque année, plus de 430 millions de tonnes de plastique sont produites dans le monde, et moins de 10 % sont effectivement recyclées (ONU).
  • 11 millions de tonnes de plastiques pénètrent chaque année dans les océans. Si la tendance se poursuit, ce chiffre pourrait tripler d’ici 2040 (PNUE).
  • Les microplastiques sont désormais présents dans l’air, l’eau potable et même le sang humain. Chaque personne ingérerait en moyenne l’équivalent d’une carte de crédit par semaine.
  • Le coût économique de la pollution plastique mondiale est estimé à 600 milliards de dollars par an, incluant les impacts sanitaires, la perte de biodiversité et les coûts de dépollution (OCDE).

Face à ces chiffres, le retard dans l’adoption d’un traité mondial apparaît d’autant plus alarmant : il ne s’agit pas seulement de protéger l’environnement, mais aussi la santé humaine.

Et maintenant ?

L’impasse de Genève signifie que :

  • Les fabricants peuvent continuer à produire du plastique sans limite
  • Les substances chimiques toxiques restent sans encadrement mondial
  • Les communautés vulnérables supportent le poids le plus lourd
  • Le problème est une fois de plus reporté aux générations futures

Mais tout n’est pas perdu. L’échec multilatéral met en évidence l’importance des actions locales et sectorielles. Certaines villes interdisent déjà les plastiques à usage unique lors d’événements ; plusieurs marques optent pour des emballages réutilisables ; des designers et startups développent des produits circulaires conçus pour durer. Et chacun peut agir en réduisant sa consommation, en soutenant des entreprises durables et en faisant pression sur les gouvernements pour des mesures plus fortes.

Le changement commence, sans attendre un traité

Un traité mondial demeure indispensable, mais nous ne pouvons pas rester les bras croisés en attendant. La pollution plastique progresse chaque jour, et chaque geste de réduction compte.

Après l’échec de Genève et en l’absence de calendrier clair pour la suite des discussions, la pression publique reste cruciale. La société civile continuera à exiger des gouvernements qu’ils reviennent à la table des négociations avec la volonté de conclure un véritable accord.

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